Ariane Bilheran est psychologue clinicienne, spécialisée sur la question du pouvoir. Je n’aime pas employer l’injonction « il faut », mais vraiment, « il faut » regarder cette interview. C’est exceptionnellement brillant.
Pas de cette brillance artificielle dont les penseurs inauthentiques saupoudrent leurs discours. Non, c’est brillant dans le sens d’un éclaircissement essentiel pour la société et la vie que nous voulons.
Extraits :
« Les philosophes n’ont eu de cesse de dénoncer les complots contre les peuples (…) Machiavel est un conseiller du complot »
« Le paradoxe est le langage préféré des pervers. Vous ne comprenez plus rien, vous êtes sidéré, vous ne pensez plus, vous n’agissez plus »
« Aujourd’hui qui veut penser est criminel »
« On vous supprime tous vos droits, on vous supprime tout ce qui vous humanise : la socialisation, les fêtes, la rencontre, le toucher… »
« On est carrément dans le totalitarisme, puisque l’opinion du peuple et son consentement, on s’en fout ! »
« Ce qui nous humanise, c’est l’amour, la charité, le sacrifice, qui est rendre sacré le lien humain (…) qu’est-ce qui nous humanise ? C’est apprendre à mourir, à nous confronter à la maladie, à la mort »
« Qu’est-on prêts à accepter et jusqu’où, pour ne pas perdre notre humanité ? »
Sur les techniques (parfaitement rodées) de la propagande :
1) le choc traumatique (méthode des harceleurs et des sectes) : « vous allez tous mourir! », répété toute la journée
2) la culpabilité (mécanisme très pervers vieux comme notre civilisation) : « Vous êtes coupables de contaminer les autres »
3) la stratégie de la division : « Je n’aurai confiance en des gouvernants que le jour où ils auront des discours d’union des peuples »
La certitude délirante
« Ce qui caractérise un délire, c’est la certitude absolue (…) certitude absolue de tout ce qui est mis en place. Donc on a bien affaire à un délire »
L’Etat, figure du père
« On projette une figure parentale sur ces gens-là. Qu’est-ce qui se passe si ces gens qui ont tous les privilèges sont des psychopathes cyniques qui veulent notre peau ? On développe le symptôme de Stockholm »
« Dans le code de l’esclavage, le maître doit fonctionner par des méthodes d’intimidation odieuses et terrorisantes »
LA question
« Jusqu’où sommes-nous prêts à perdre notre humanité par peur d’être persécutés ? Je n’ai pas de réponse collective, que des réponses individuelles, à l’inverse de ces tyrans »
« La fin justifie les moyens. Pour protéger les enfants acceptons de les maltraiter. Non, la fin ne justifie jamais les moyens »
Les 2 messages d’Ariane :
« Rendons sacrée la vie, la vie c’est sacré, pas la survie »
« Unissons-nous. Mais pour s’unir, il faut avoir combattu en soi ses propres démons »